Vous l'avez peut être vu dans les
médias, surement par hasard tant l'info sur la Thaïlande y est infinitésimales, mais la
situation s'y dégrade lentement mais sûrement.
Bombes, manifestations quasi
quotidiennes, élections boycottée, bloc qui s'affrontent, chemises rouges contres
chemises jaunes.
Les médias, dans leur grande majorité,
qui ignorent la situation, savent ils qu'elle risque de déstabiliser
toute l'Asie du sud est ?
Comment en est on arrivé là ?
Pour comprendre ce qu'il se passe
aujourd'hui il faut remonter dans le passé. La Thaïlande est un
état autoritaire et monarchique ou il y a eu des épisodes
démocratique.
Majoritairement bouddhiste au nord, il
a aussi des minorités musulmanes dans le sud.
Coincés entre la Birmanie et le
Cambodge avec qui les relations sont tendues, moins avec la Birmanie
depuis l'assouplissement de la junte militaire au pouvoir et la
libération du prix Nobel de la paix Aung San Suu Kyi.
En 2006 Taksin remporte les élections
législative et se fait nommer 1er ministre, des soupçons de
corruption et d'achats de votes dans les campagnes de l'ouest
Thaïlandais se font connaître.
Mais comme Taksin promet des réformes,
notamment pour améliorer les conditions de vie des Thaïs des
campagnes, et faire diminuer la fracture entre Thaïs des villes, et
Thaïs des campagnes, il a le soutien d'une majorité populaire.
Lors d'un voyage à New York pour se
rendre au conseil de sécurité de l'ONU, l'armée se déploie en
Thaïlande, prends le pouvoir, et interdit le retour en Thaïlande de
Taksin.
Arborant des fleurs jaunes, l'armée
montre tout de suite qu'elle se place sous l'autorité du roi (Le
jaune est la couleur du roi).
Un gouvernement est formé, avec
« seulement » deux anciens militaires, mais personne
n'est dupe que c'est l'armée qui en coulisse dirige le pays.
Une nouvelle constitution est proposée
par référendum, et adoptée, qui renforce les pouvoirs de l'armée,
et diminue l'influence du parlement, et il y a promesse d'éléctions
législative en 2007.
Le 23 décembre 2007 le parti du
pouvoir du peuple, le PPP, remporte 232 sièges sur 280 à la
déception des militaires putschistes.
Abhisit Vejjajiva devient le nouveau
premier ministre avec mandat de 5 ans, soutenu par les généraux, la
noblesse et les milieux d'affaires.
Au printemps 2010 les chemises rouge de
L'UDD, union démocratique du peuple contre la dictature, comptant
une majorité de membres fidèles à Thaksin « monte »
sur Bangkok pour occuper le centre de la ville .
copyright l'express.fr |
Pendant un mois ils ont un campement
dans le Siam square et à coté du trade center.
souce : http://laboratoireurbanismeinsurrectionnel.blogspot.com |
Les forces armées donnent l'assaut le
19 mai, les manifestants ripostent puis se rendent mais la répression
sanglante continue et au moins 75 personnes sont tuées. Le
gouvernement ne cède à aucune des revendications, pas d'élections
anticipées.
photo : Des manifestant déversent leur propre sang pour dénoncer la brutalité policière.
la Cour
criminelle de Bangkok a émis le 25 mai 2010, un mandat d’arrêt
international pour « terrorisme » contre Thaksin
Shinawatra.
Des élections
législatives se tiennent le 03 juillet 2011, suite à la dissolution
de la Chambre des représentants le 10 mai 2011 par décret royal. 47
millions de Thaïlandais étaient appelés aux urnes dans un pays où
le vote est obligatoire.
Yingluck Shinawatra, sœur cadette de
l'ancien premier ministre Thaksin Shinawatra, renversé en 2006 et en
exil à Londres depuis, l'emporte par une majorité absolue des voix
et obtient 265 sièges sur les 500 de la Chambre des représentants.
En 2012, elle propose un projet de
révision de la Constitution adoptée en 2007 en convoquant un
référendum.
Fin 2013, accusée d'être la marionnette politique de son frère,
toujours en exil, elle est la cible de manifestations de l'opposition
(urbaine et royaliste, alors que le Premier ministre est soutenue par
les paysans ruraux) qui demandent sa démission, alors qu'est
envisagé un projet d'amnistie pouvant faciliter le retour de Thaksin
en Thaïlande.
Même si des milliers de manifestants réussissent à envahir le siège du gouvernement, cette action n'est pas considérée comme une victoire politique, alors qu'une trêve a lieu pour célébrer les 86 ans du roi Bhumitbol et que l'armée refuse de prendre position. Elle décide finalement de dissoudre le Parlement et d'organiser des élections législatives anticipées, qui se tiendront le 2 février 2014.
copyright rfi |
Même si des milliers de manifestants réussissent à envahir le siège du gouvernement, cette action n'est pas considérée comme une victoire politique, alors qu'une trêve a lieu pour célébrer les 86 ans du roi Bhumitbol et que l'armée refuse de prendre position. Elle décide finalement de dissoudre le Parlement et d'organiser des élections législatives anticipées, qui se tiendront le 2 février 2014.
Fin de l'histoire ?
Pas vraiment.
Avec des bombes posées dans Bangkok
ayant fait des morts, des manifestations quasi quotidiennes, dont
celles des « riches » qui défilent en voiture de luxe
refusant que le peuple rural de la Thaïlande accède à de
meilleures conditions de vie, et un écart qui semble maintenant
difficile à combler entre Thaïs des villes (les chemises jaunes),
et Thaïs des campagnes (chemises rouge) ; la situatin semble
bien compliquée pour n'importe quel gouvernement.
Et le roi dans tout ça ?
Bien affaiblie par son age et la
maladie, le roi Bhumitbol semble impuissant à enrayer la situation
et son influence 'est plus ce qu'elle était.
Adoré par la grande majorité des
Thaïs, quelque soit leurs origines, ou opinions politique, le roi a
fait faire d'immenses réformes à son pays, le faisant entré dans
la modernité.
copyright Le point.fr |
Ces réformes ont profitées à tous, d'où sa quasi vénération . Et si le décès du roi devait intervenir avant la fin de cette période de troubles, il y a fort à parier que cela pourrait être l'étincelle de trop.
Son fils Le prince Maha
Vajiralongkorn a été proche
de Taksin, et soupçonné d'avoir des liens financiers avec lui. Il
est impopulaire, et même si son influence politique a grandie, on le
voit de plus en plus remplacer son père aux cérémonies
officielles, son accession au trône ne ferait que compliquer les
choses.
Dans
le sud de la Thaïlande la situation est comliquée depuis 1970, ou
des groupes minoritaires musulmans demandent leurs autonomie. Refusée
bien entendu, et réprimée durement par l'armée.
Résultat,
depuis 2005, des troubles réguliers avec jet de cocktails molotov
sur des bâtiments officiels et assassinat de bonzes.
Avec
la Birmanie la situation s'est légèrement apaisée depuis la timide
ouverture de la junte militaire au pouvoir. La situation s'était
dégradée avec les Karens, peuple martyrisée par la junte et
réfugiée dans l'ouest de la Thaïlande qui organisait régulièrement
des raids de guérilla contre la Birmanie, et avec la bénédiction
officieuse de la Thaïlande.
La Birmanie découvrant la démocratie,
a mieux à faire, et semble laisser son voisin en paix, du moins pour
le moment.
Pour exemple, à chaque fois que la
situation se dégradait en Thaïlande, des ordres étaient donnés
pour renforcer la présence militaire le long de la frontière
Birmane pour parer à toute tentative d'invasion de la Thaïlande par
la Birmanie.
Avec la Cambodge, la situation reste
compliquée, tout à démarrer en juin 2008 quand la Thaïlande à
revendiqué le temple Preah Vihear. Ce temple est situé au Cambodge
mais sur le rebord d'une falaise, en arrière de la ligne de crête
des monts Dangrek qui marque la frontière
entre les deux pays, si bien que l'accès routier à ce temple depuis
le Cambodge ne peut se faire que via la Thaïlande
Résultat le Cambodge dépêche des
troupes sur place, et des affrontements entre armée Thaï et Khmer
font des morts et des blessés.
La Thaïlande comptait profiter de la
faiblesse supposée de son voisin Cambodgien, mais c'était ignorer
que l'armée du Cambodge est essentiellement constituée d'ancien
khmers rouge, endurcit au combat, habitué aux conditions difficile
de la guérilla en pleine jungle, bref pas des marrants les gars !
copyright courrierinternational.com |
En décembre 2011, les deux pays signent des accords prévoyant le retrait des troupes stationnées de chaque côté de la frontière
A l'heure d'aujourd'hui la situation
n'est toujours pas réglée, les forces en présence étant restées
in statu quo ante bellum.
Le lien vers l'excellent article du courrier international:
http://www.courrierinternational.com/article/2013/04/18/un-conflit-frontalier-sans-fin
Le lien vers l'excellent article du courrier international:
http://www.courrierinternational.com/article/2013/04/18/un-conflit-frontalier-sans-fin
Ou va la Thaïlande ?
Le 02 février 2014 des élections
législatives anticipées ont eu lieu, mais boycottée par
l'opposition et très perturbée par des manifestants voulant
empêcher les bureaux de votes de travailler, de l'aveu de pas mal de
spécialistes du sud est asiatique, tout le monde s'accorde à dire
que leur impact sera faible sur la situation du pays.
Depuis les émeutes durement réprimées
du printemps 2010, et les bombes explosant dans Bangkok faisant des
mort de la fin de l'année 2013, début d'année 2014, la fracture
semble consommée entre les chemises jaune, surtout les nobles, les
milieux d'affaires et les cadres de l'armée, et les chemises rouge
qui demandent plus de reconnaissance, et une revalorisation de leurs
conditions de vie.
Il n'y a pas de personnalités
fédératrice et populaire capable de s'imposer comme un recours
naturel pour arranger la situation, et les troubles grandissants avec
les minorités musulmanes du sud s'intensifient.
A moins d'un sursaut national, j'ai
l'impression d'assister à la course folle d'une voiture fonçant
contre un mur, qui accélèrerait à son approche au lieu de
ralentir.
Et malheureusement il n'y a qu'une
chose à faire, attendre la publication des résultats des éléctions
du 2 février 2014, et attendre.
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